Élisabeth Sanna (1788-1857)

Au sein de la Famille pallottine on célèbre en ce 17 février la bienheureuse Élisabeth Sanna. Née en Sardaigne, près de Sassari, le 23 avril 1788, mère de sept enfants dont deux meurent en bas âge, elle devient veuve à l’âge de 37 ans. Arrivée à Rome, elle rencontre Don Vincenzo Pallotti qui deviendra son directeur spirituel. C’est à ses côtés qu’elle se fera « apôtre des apôtres » en soutenant les premiers compagnons de Pallotti par la prière et dans le service des malades et des pauvres. Elle meurt à Rome le 17 février 1857. Elle est patronne des mères et des veuves devenues apôtres.   

Veuve, Élisabeth Sanna compose un poème dans lequel elle confesse: « Je ne peux plus vivre loin de Dieu. Je suis toute à Lui, je suis toute à Jésus. Mon Dieu, je vous aime par-dessus toutes choses ». A la lumière de ces paroles, je voudrais réfléchir avec vous et pour vous sur trois stéréotypes (clichés) toujours populaires dans nos sociétés, à savoir: « La santé est plus importante que tout le reste » ; « L’amour de la patrie est plus important que tout le reste » ; « La famille est plus importante que tout le reste ».

« La santé est plus importante que tout le reste » ! Ce n’est pas si évident – répond bienheureuse Élisabeth par sa vie ! Dieu est plus important. Élisabeth sait ce qu’elle dit. A trois mois, suite à une épidémie de variole, elle perd la capacité de lever ses bras. Paralysée donc partiellement, pourtant elle se marie et donne naissance à sept enfants. Elle tient un foyer, devient catéchiste dans sa paroisse natale en Sardaigne, et finalement devient apôtre de Rome. Chacun de nous peut devenir saint et apôtre malgré sa maladie ou son handicap.

« L’amour de la patrie est plus important que tout le reste » ! Ce n’est pas si évident – répond encore par sa vie la bienheureuse Élisabeth. Dieu est plus important. Élisabeth sait ce qu’elle dit ! Sarde, elle a vécu pendant 26 ans à Rome, hors de sa patrie. Et ce sont les Romains qui l’ont appelée « santa subito ». En effet, la renommée de sa sainteté était si grande que 4 mois seulement après sa mort, a commencé son procès de béatification. Une chose extraordinaire pour la seconde moitié du XIXe siècle. Nous aussi, nous pouvons devenir saints en dehors de notre pays, étant en exil. La sainteté ne connaît pas de frontières !

« La famille est plus importante que tout le reste » ! Ce n’est pas si évident – répond à nouveau Élisabeth! Dieu est plus important. Élisabeth sait ce qu’elle dit ! À l’âge de 37 ans, elle est devenue veuve avec cinq enfants. Deux autres sont morts en bas âge. Le plus âgé a 17 ans, et le plus jeune seulement 3. À l’âge de 42 ans, attirée par la Terre Sainte, elle veut se rendre en pèlerinage en Palestine. Elle quitte la Sardaigne en compagnie du vicaire de sa paroisse, le Père Giuseppe Valle, avec l’intention d’y revenir rapidement. Le but du pèlerinage est de marcher sur les pas de Jésus afin de se rapprocher de Lui, et devenir ainsi son plus efficace collaborateur pour le salut des âmes. En effet, Élisabeth disait : « Comme je voudrais  que le ciel soit plein, le purgatoire vide, et l’enfer fermé ». A cause de manque de visa, de l’argent et de la dégradation de son état de santé, elle n’est jamais arrivée en Terre Sainte. Elle restera à Rome. C’est là qu’elle est morte et enterrée aux côtés de son guide spirituel saint Vincent Pallotti.

Par sa vie, ses choix et ses engagements elle nous montre – même si cela semble paradoxal – que la santé, la patrie, la famille ne sont pas les plus importantes. La chose la plus importante est d’écouter Dieu dans toutes les circonstances de notre vie! Et même si le mariage, la famille, les enfants, la maison, l’honneur, la patrie, le sacerdoce, etc., soient de bonnes choses, ils ne sont pas Dieu ! Ils sont un moyen, pas un but! Le but c’est Dieu: notre adresse finale! Voilà pourquoi la bienheureuse Élisabeth Sanna aimait prier: « Mon Dieu, je vous aime par-dessus toutes choses ».

Stanisław STAWICKI

Stanisław Stawicki – pallottin, curé de la paroisse St-Jacques St-Christophe de la Villette à Paris, auteur de La cooperation, passion d’une vie.

[II 2023]